Non, il ne s’agit pas d’un tas de pierres entassées n’importe où, n’importe comment. Les pierriers et hibernaculums peuvent être prescrits par les écologues dans le cadre de mesures de réduction des impacts environnementaux (séquence Éviter, Réduire, Compenser – ERC) et présentent de multiples intérêts pour l’herpétofaune. Comment les différencie-t-on ? Quelles sont leurs fonctions ? Comment et où les construire ? Nous avons suivi la réalisation, étape par étape, avec les techniciens en génie écologique de La Garonnaise.
Pierrier ou hibernaculum ?
Posons-nous d’abord une question : pierrier ou hibernaculum ? Quelle est la différence ?
Le terme de « pierrier » est généraliste. Il est usuellement utilisé pour définir un amas de pierres, exposé au Sud et destiné à servir de zone de refuge immédiat en cas de menace pour reptiles et amphibiens. Cette structure dispose aussi de placettes d’ensoleillement idéales pour la thermorégulation de l’herpétofaune qui aura loisir à s’y réchauffer au soleil. Elle pourra également se réfugier dans les anfractuosités pour se mettre à l’ombre en cas de fortes chaleurs. Les pierriers sont des terrains de chasse privilégiés pour l’herpétofaune puisqu’ils attirent généralement petits mammifères (musaraignes notamment) et autres insectes.
L’hibernaculum est un peu plus élaboré. Il est constitué d’une zone refuge, généralement creusée, dans laquelle est disposé un substrat meuble (sable, compost…) qui retient la chaleur et offre un lieu de ponte idéal et sûr aux reptiles. Un cheminement en tuiles (ou autre matériau) est aménagé afin de créer différentes loges et tunnels, puis recouvert de pierres, branchages, ardoises de différentes tailles.
Pour Aurélien Costes, Directeur du bureau d’études en environnement spécialisé dans l’écologie CERMECO, « les pierriers sont des hôtels low cost alors que les hibernaculums sont plutôt des établissements étoilés ».
Pourquoi construire un pierrier ou hibernaculum et où le situer ?
Pierriers et hibernaculums représentent des abris artificiels idéaux pour préserver les reptiles du gel, leurs offrir des refuges en cas de menaces, des lieux d’hibernation, mais aussi des placettes d’ensoleillement pour la thermorégulation.
Il est donc recommandé de les construire avec une exposition au Sud, voir à l’Ouest. Le lieu parfait se situe à proximité de corridors écologiques afin d’augmenter la diversité des espèces qui y trouveront potentiellement refuge, c’est-à-dire proche des habitats de l’herpétofaune (lisières, haies, fourrés…) et d’une zone humide (tout en étant s’assurant de ne pas être en zone inondable) afin d’attirer les amphibiens.
Depuis les lois Grenelle de 2009 et 2010, la réforme de l’étude d’impact de 2012 et la loi de reconquête de la biodiversité de 2016, Les écologues réalisent des recommandations dans le cadre de la séquence ERC lors de la réalisation d’aménagements. La réalisation de pierriers ou hibernaculums est parfois préconisée comme mesure de réduction visant à limiter les impacts pour les reptiles et amphibiens dont les habitats ont été perturbés ou dégradés par un projet.
Les étapes de construction de nos hibernaculums
Avant toute chose, il est important de bien choisir son emplacement en fonction de l’exposition au soleil, comme expliqué précédemment.
Plusieurs schémas sont ensuite possibles. Nos hibernaculums étant implantés en Tarn-et-Garonne, zone où le Lézard ocellé n’est pas présent, nos techniciens en génie écologique n’ont pas préalablement décaissé la zone.
Nos techniciens en génie écologique ont suivi cette méthode :
- disposer un voile géotextile sur le sol afin de préserver la construction d’une repousse de la végétation ;
- recouvrir la zone délimitée d’une épaisseur d’environ 20 cm de sable ;
- aménager différentes loges et un cheminement avec des tuiles en veillant à placer les entrées exposées au soleil dès son lever ;
- recouvrir, en préservant des accès aux zones refuges, avec 1 m3 de pierres de différentes tailles.
L’hibernaculum ou le pierrier nécessite ensuite peu d’entretien. Il est toutefois nécessaire de veiller à ce que la végétation ne referme pas intégralement la construction. La partie exposée au Nord peut toutefois être laissée enherbée afin d’offrir une meilleure régulation en périodes de forte chaleur.
Vous pouvez découvrir d’autres méthodes de construction, notamment en suivant les recommandations du guide « Construire des abris pour les lézards et les serpents – novembre 2016 » de la Fédération Aude Claire, rédigé par Daniel et Marie Claude Guérineau.